Un grand merci à Diaphana et à Arcadès pour m’avoir permis de découvrir cette dramatique sortie en 2023 réalisée par Iris Kaltenbäck, pour son premier long métrage tout de sensibilité et d’émotion.

Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse d'avec Julien, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule.

Un très beau film sur un engrenage incontrôlé. Ainsi, inspiré d’un fait divers, Iris Kaltenbäck nous relate une fiction avec beaucoup de tact et de sensibilité le portrait d’une jeune femme qui par le regard d’un amour, tombe dans un piège  en jouant un rôle qu’il entretient dans le drame qui suit par un enchaînement de faits et de mots, de situations et de désirs, de peur et d’espoir que suscite un nouveau né. La dépression d’une jeune maman larguée, combinée au désespoir de sa meilleure amie et le machisme de l’amant concocte un enlèvement ahurissant. La réalisation est tout en douceur, sans parti pris ou morale, relevant des solitudes et des complicité partagées avec justesse et sensibilité, l’intrigue nous prend avec émotion jusqu’au bout. Hafsia Herzi est une fois de plus convaincante et marquante, comme dans toute sa carrière par des choix de rôles riches et variés, culottés et assumés d’une grande comédienne.

Avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse, Younes Boucif, Radmila Karabatic, Dusko Badnjar, Ana Blagojevic et Grégoire Didelot, Mathieu Perotto, Brigitte Froment et Juliette Forton, Nicodème Gouellet, Kelly Rivière, Justine Viotty, Monique Grand-Perret, Ariane Pirié et Vincent Perrin, Thierry Legastelois, Arianna Victoria Terrigeol Delgado et Marwan Tinhougga, Clara Lecompte, Thibault Lecompte, Charlie Rosa, Yasmine Kasdaoui et Julia Ajmi, Inaya Calliopée Bekara Parvillers, Solal Perret Le Du, Nour Dridi et Fabien Giameluca.

Le film Le ravissement, distribué par Diaphana, est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne depuis le 20 février 2024 en DVD et en bluray. Il est proposé en version audiodescription pour aveugles et malvoyants, et des sous-titres pour sourds et malentendants. Dans les suppléments, Discussion avec Iris Kaltenbäck et Ava Cahen, déléguée générale de la Semaine de la Critique, Le vol des cigognes, court métrage d’Iris Kaltenbäck (2015).

Un grand merci à Warner Bros. Entertainment France m’avoir permis de découvrir ce magnifique coffret de dix westerns, dont ce film sorti en 2007, réalisé par Andrew Dominik, d’après le roman éponyme de Ron Hansen, pour une étude psychologique d’un tueur.

1881, Jesse James est un hors-la-loi légendaire. Il a trente quatre ans. Sa célébrité lui provient de multiples braquages. Au lendemain de la guerre de Sécession, il représente une rébellion qui lui vaut d'être considéré comme un Robin des Bois. Robert Ford, qui a grandi en idolâtrant James, et désireux de rejoindre le gang, se lance dans une mission à Glendale, dans le Missouri, où les membres du gang James-Younger préparent la dernière attaque de train de leur carrière.

Un drame psychologique plus qu’un western d’action classique. Ainsi, dans une plongée de la paranoïa du tueur, l’intrigue nous remet en mémoire une carrière de voleur, menteur et assassin entre ses doutes, ses certitudes et ses troubles mentaux ayant fréquenté la pire plèbe d’alors de gangsters sans vergogne, pris au piège d’une traque qui abouti à sa mort, révélant un psychopathe… dans a réalité historique, après les violences perpétrées par les yankees durant et après la guerre de sécession, Jesse James et sa famille s’est retrouvé chassé de chez lui, blessé en remettant ses armes de soldat confédéré, et surendetté.

Avec son frère, commet la première attaque de banque, puis d’autres et de trains et de diligences ponctués de nombreux meurtres. La bande de détectives à ses trousses aussi tueurs et salopards vont le poursuivre. Et en effet, il sera assassiné par le traitre Robert Ford, tué à son tour par Edward Capehart O'Kelley à don tour par un policier... une époque formidable.

Avec Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard et Sam Rockwell, Ted Levine, Mary-Louise Parker, Jeremy Renner, Garret Dillahunt, Paul Schneider, Zooey Deschanel et Jesse Frechette, Pat Healy, Alison Elliott, Michael Parks et James Carville, Nick Cave, Brooklynn Proulx, Tom Aldredge et Kailin See, Sarah Lind.

Un beau panel de dix westerns de légende qui nous enchantent avec La prisonnière du désert, Jeremiah Johnson, Rio Bravo, Impitoyable, Josey Wales hors-la-loi, Le massacre de Fort-Apache, La conquête de l’Ouest, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, La horde sauvage, Pale Rider.

Le film de Jesse James par le lâche Robert Ford, distribué par Warner Bros. Entertainment France et sa page Facebook, est disponible en Blu-ray . Il est proposé en version originale anglaise sous-titrée français et en audio français.

Un grand merci à Les Mutins de Pangée pour m’avoir permis de découvrir ces deux documentaires sortis en 2010 et en 2020, réalisés par Pascal Boucher, pour un portait tendre et émouvant.

Bernard, ni Dieu ni chaussettes.

Bernard Gainier est le gardien d’une mémoire paysanne, le passeur d’une poésie populaire, et d’une langue, le patois beauceron. C’est un « diseux » resté fidèle à une tradition libertaire et humaniste qui a marqué sa ville de Meung-sur-Loire. Rabelais écrivit son Pantagruel dans un château voisin, François Villon fut jeté dans les geôles de son château, et c’est là que grandit le poète Gaston Couté, « Le Rimbaud de la Beauce ». En 2010, sortait en salles son portrait Bernard, ni dieu ni chaussettes. Dix ans plus tard, on retrouve son désir, toujours inébranlable, de liberté dans un nouveau film « Le ciel peut attendre ».

Le ciel peut attendre

Dix ans plus tard, Pascal Boucher retrouvait Bernard Gainier, un des derniers diseux en patois beauceron des textes du poète Gaston Couté. Mais aux salles de cinéma succédèrent les salles d’hôpital et le placement en Ehpad. Ce gardien de la mémoire paysanne perdait la sienne. L’histoire aurait dû s’arrêter là… Mais c’est sans compter sur les mystères du cerveau et son désir inébranlable de liberté, le ciel peut attendre !

Un très tendre et beau portait d’un conteur de talent, attachant et envoûtant. Ce paysan anar tout en mesure, avec le recul de la vie, conteur passionné du poète Gaston Couté nous le fait découvrir avec intérêt. Une vision de l’agriculture qui fait l’actualité ces dernières semaines avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, trouve par Bernard Gainier toute la complexité du métier de la terre. De Meung-sur-Loire, nous avons la victoire de Jeanne d’Arc sur les anglais, l’arrivée de d’Artagnan sur sa jument jaune, et toute mon enfance avec ma famille en caravane sur les bords de la Loire, notamment en Mai 68. Avec ce portrait d’un homme de la terre et des lettres, c’est celui de la ville, de la mentalité de la campagne, qui me fait dire qu’il en faudrait aussi de mes Ardennes natales, loin, très loin du seizième arrondissement, des écoles privées d’élites et gouvernants. Deux films à dix d’écart où Bernard s’est confronté à l’usur du corps et de l’esprit sans perdre pourtant de sa vivacité malgré la tristesse de la vieillesse et de la maladie avec sa combattivité pour garder sa mémoire et sa passion.

Le documentaire Le Bernard, le dernier des diseux, distribué par Les Mutins de Pangée, est toujours disponible dans les meilleurs bacs et en ligne depuis le 1^er février 2011. Dans les suppléments, Ma guerre d’Algérie, Bernard à Montmartre, La Complainte du vieux batteux, Débat au cinéma Saint-Michel, Ôde à la merde, Les Bornes, Bernard, le réalisateur et des spectateurs, Musiques du film, Carnets de tournée.

Un grand merci à Condor Entertainment pour m’avoir permis de découvrir ce film dramatique britannique sorti en 2021, réalisé par la française Eva Husson, d'après le roman Le dimanche des mères de Graham Swift, sur une observation de la société anglaise.

Angleterre, 1924. Femme de chambre orpheline chez les Niven, un couple d’aristocrates, Jane Fairchild fréquente secrètement Paul Sheringham, le fils des propriétaires du manoir voisin. Instinctivement, Jane sait que leur différence de milieu, et le futur mariage de Paul avec une autre, Emma Hobday, vouent leur liaison passionnée à l’échec. Elle se raccroche alors à ces étreintes dérobées comme à autant de futurs souvenirs destinés à nourrir sa plume d’écrivaine en devenir.

Une vision de l’aristocratie anglaise par une jeune soubrette écrivaine en devenir sans avoir rien retenue de leçon de la vie. Ainsi, jeune maîtresse du fils de son patron, elle relate un épisode sa vie, de son amant devant épouser la fiancée de son défunt frère mort à la grande guerre qu'on la recase. Joliment filmé dans le pur style anglais à la Downton abbey, l’intrigue en elle-même reste faible tant par l’a narration que les dialogues. On regrettera, sans être prude, ces images érotiques contre productives qui ‘apporte rien à l’histoire et mettent mal à l’aise de voyeurisme qui n’a pas sa place dans cette analyse. Cela reste cependant plaisant à suivre.

Avec Odessa Young, Josh O'Connor et Nathan Chester Reeve, Samuel Barlow, Dexter Raggatt, Colin Firth, Olivia Colman et Glenda Jackson, Patsy Ferran, Emma D'Arcy, Simon Shepherd, Caroline Harker et Emily Woof, Craig Crosbie, Albert Welling, Sope Dirisu, Alex Cubb, Forrest Bothwell et Sarita Gabony, Steve Brody, Bailey Cameron, Georgina Frances Hart et Deano Mitchison, Sebastian Senior et Alfredo Tavares.

Le film Entre les lignes, distribué par Condor Entertainment et sa page Facebook, est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne dès le 7 février 2024 en DVD et en Blu-ray. Il est proposé en version anglaise sous-titrée français et en audio français. Dans les suppléments, Du roman au cinéma : rencontre avec l’équipe du film, Eva Husson, Odessa Young, Olivia Colman, Colin Firth et Josh O’Connor.

Un très grand merci à Les Mutins de Pangée pour m’avoir permis de découvrir ce documentaire réalisé par Jocelyne Saab, sur son œuvre de documentariste à travers le Moyen Orient des années 70.

Une documentariste libre, engagée au cœur du monde arabe. Caméra au poing et cheveux au vent, la cinéaste Jocelyne Saab a filmé le Moyen Orient passionnément, sans relâche. Son journalisme de terrain - tout terrain - détonne dans le paysage audiovisuel des années 70. La jeune reporter n’aura de cesse de défricher la complexité du monde oriental en affirmant ses pratiques de documentariste libre et sensible. L’oeuvre de Jocelyne Saab est l’expression d’un cinéma documenté, sans concession. Ses films sont une indispensable mémoire cinématographique pour appréhender les enjeux d’un pays, le Liban, en voie d’effondrement et d’une région où les violences politiques et coloniales s’intensifient pendant que les populations n’en finissent pas d’agonir.

Un superbe coffret sur le regard d’une reportrice engagée et partisane franco-libanaise sur le Moyen-Orient des années 70/80. Vingt deux ans après la Nakba, l’épuration ethnique qui a vu sept cent cinquante mille palestiniens sur neuf cents mille chassés de chez eux à tout jamais et des  dizaines de milliers de morts, dont les pays arabes frontaliers en ont profité comme la Jordanie. Après les horreurs de la Shoah, il était naturel que le peuple juif ait une nation à eux pour vivre libre et en sécurité. Alors que depuis l’effroyable pogrom du 7 octobre 2023 par les terroristes du Hamas, la machine de guerre meurtrière continue dans l'horreur de Gaza et de Cisjordanie ghettos mortels. Les reportages de Jocelyne Saab nous montraient une société palestinienne laïc aux femmes engagées, combattantes, étudiantes, libres de leurs corps et de leurs pensées, telles des résistantes qu’elles ont du subir la violence israélienne et pire encore celle des islamistes  terroristes qu’aujourd’hui et depuis longtemps, elles n’ont plus leur liberté… et leur vie ?

Jocelyn Saab révélait avec son regard et ses mots sur ce qui a coûté la vie à ses compatriotes et dévasté son pays avec la tentative de coup d’état des palestiniens, devenue une guerre civile de religion où les chrétiens maronites ont perdu leur havre de paix chèrement payé de siècles de massacres, par l’armée israélienne et syrienne aux mêmes méthodes que ces mois-ci à Gaza. Le malheur des uns a fait les malheur des autres, qui continu plus que jamais avec les extrêmes de chaque bord sur les populations. Ces images annonciatrices sont d’autan plus fortes. De précieux témoignages toujours d’actualité ainsi pour les sahraouis, que sur la situation en Égypte partagée alors entre Est et Ouest, et sur l’Iran avec la révolution islamiste. De guerres, massacres et déplacements de populations après la décolonisation, les peuples sont pris en étau par les appétits territoriaux de nouveaux colonisateurs de leurs voisins et des puissances russes et chinoises dont les femmes et les enfants subissent la barbarie. Jocelyne Saab a su avec son regard, capter le cœur et l’âme de ces populations, que la violence allait encore durer à ‘infini. Que sont devenus tous ces gens n’aspirant qu’à vivre tranquille chez eux ?

Un très beau choix de reportages clés avec Les femmes palestiniennes (1974), Le front du refus (1975), Le Liban dans la tourmente (1975), Les nouveaux croisés d’Orient (1975), Les enfants de la guerre (1976), Beyrouth, jamais plus (1976), Sud-Liban : histoire d’un village assiégé (1976), Pour quelques vies (1976), Le Sahara n’est pas à vendre  (1977), Égypte, la cité des morts (1977), Lettre de Beyrouth (1978), Iran, l’utopie en marche (1981), Beyrouth, ma ville (1982), Les libanais, otages de leur ville  (1982), Le bateau de l’exil (1982).

Le documentaire Jocelyne Saab cinéaste, distribué par Les Mutins de Pangée, est disponible en DVD + livret de 48 pages dans les meilleurs bacs et en ligne dès le 20 février 2024. Il est proposé en version originale française, anglaise et arabe sous titrée français, anglais et arabe. Dans les suppléments, Les palestiniens continuent (1974), Reportage sur le processus collectif de restauration des films de Jocelyne Saab (2023), Contextualisation des films par Philippe Azoury, Sylvie Dallet, Ghassan Kotteit, Mathilde Rouxel, Wassila Tamzali et Elias Sanbar.